Nerden
Au secours, je suis un intello !
Je m'en suis rendu compte d'un coup : ce fut un choc. Je flânais dans une librairie, cherchant quelque littératurerie, quand soudain se fit sentir en moi une conviction, limpide, imparable, incontournable ! « Tu es un intello ».
Rentré à la maison, un dvd dans une main pour conjurer ma terreur, un bottin dans l'autre pour appeler un docteur, j'en eus un au bout d'un fil mais je raccrochai résolument : à la voix, aux mots choisis, pas de doute : c'était un intello aussi !
Bien décidé à m'en sortir, je demandai un rendez-vous, pour consulter, psychanaliste, ou psychiatre, ou psychologue, psychotrope, psyché, que sais-je encore, voyez, j'égrène mes synonymes, c'est pas bon signe, je suis bien atteint, tout cela, bien sûr, dans les délais les plus brefs. Me voilà dans la salle d'attente, il ouvre la porte, je me redresse, et je m'enfuis prestement : aux lunettes, à l'air sévère, au lèvres pincées, à son « suivant », le doute devenait inexistant : c'était un intello, derechef !
Résultat ? Je vis avec. Je minimise. Je solliloque, parfois, mais me reprends très vite. Il ne faudrait pas que ça se sache, au boulot par exemple. D'ailleurs, je dois y aller : avec ces aventures, se remettre les idées en place : où travaillais-je ? -Frisson d'effroi de qui connaît l'auteur- -rîme qui tend les bras : « dans un collège ! »- -chute avortée : ce serait donner trop d'indices, mieux vaut une queue de poisson-.